Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Alluma ta splendeur, ô torche sidérale
Qu’en leurs poings fraternels brandissent les Gémeaux ?

Telles, dans l’ordre exact, les étoiles sans nombre
Illuminent la nuit prodigieuse, et tels
Les astres, épandus dans l’immensité sombre,
Religieux flambeaux, brillent aux yeux mortels,
Tandis que parcourant les ombres impassibles,
Et l’abîme brumeux des cieux jamais atteints,
D’autres astres, sans noms, sinistres, invisibles,
Élaborent la vie et les obscurs destins.


ÉRATOSTHÈNE.

Aratos ! loin du ciel splendide où tu promènes
Ton regard ébloui parmi les Phénomènes,
        Loin des astres que tu nommas,
J’abaisserai les yeux sur la terre habitable
Et des trois continents que ceint la mer instable
        Je peindrai les changeants climats.

Je dirai les pays, les îles, l’onde amère
Et les bords fabuleux où s’égarait Homère ;
        Je dirai les caps et les monts,
Non comme un vain poète, épris d’un léger songe,
Mais selon la distance et l’ombre que prolonge
        Le style étroit sûr les gnomons.