Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/83

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Dans quelle profondeur, dans quel puits redouté
Dérobes-tu ta face, ô sainte Vérité ?
Pour nous, mortels, errants dans l’infini des causes,
Parmi le flux sans terme et le reflux des choses,
Vers un ciel idéal levons nos yeux sereins.
A nos désirs domptés mettant de nobles freins,
Courbant au joug des lois nos volontés austères,
Contemplons sans terreur le Monde et ses mystères.
Qu’est le Monde ? Nos corps et nos esprits sont-ils
Une part nécessaire aux éléments subtils ?
Qui le sait ? L’immortelle et divine Nature
Nous pousse à chaque pas vers la tombe future.
Vivons indifférents ; mourons sans découvrir
S’il est une raison de naître ou de mourir.


MANÉTHON.

Mes yeux éteints, hélas ! sur le rouleau mystique
Ne déchiffreront plus le cartouche tracé ;
O Roi ! pour Manéthon le signe emblématique
N’est plus qu’un texte obscur sur la pierre effacé.
Mais la mémoire est jeune et dicte la parole,
Et je revois encor la Terre humide et molle
Du limon primitif surgir, et les troupeaux
De monstres s’élancer des ombres matinales.
Et je sais l’origine et j’ai lu les annales
Par les aïeux divins écrites sur des peaux.