Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/150

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Le toit est de roseaux que le vent sèche et fane ;
Le sable brûlant filtre à travers les parois
Et la porte tressée est close au bruit profane.

A genoux sur le sol hérissé par endroits
De pointes et de joncs aigus, la pénitente
Contre sa gorge en feu presse une noire croix.

Or, dans le songe amer d’une impossible attente,
L’œil fixé sur le ciel impénétrable et sourd,
Elle hésite et frémit et tout l’enfer la tente.

Sa chair est faible, hélas ! et le joug est trop lourd
Que le Réparateur impose à son col frêle.
Nul ange, descendu des cieux, ne la secourt.

Et, pleine de terreurs, la nuit surnaturelle
Dans le cœur de la femme éveille un rêve impur
Où la fange fermente et rejaillit sur elle.

Lentement, un par un, hors de l’abîme obscur
Les démons surgissaient et dévoraient son âme,
Pressés comme les vers grouillant dans un fruit mûr.

En vain Nymphodora ferme à la troupe infâme
Ses oreilles, ses yeux que brûlent d’acres pleurs.
Béelzébuth l’invite et Satan la réclame.