Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/161

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À l’horizon désert, sinistre et monotone,
Le Stylite ascétique habite la colonne.
Brûlé par le soleil, par l’oraison courbé,
Il est là, maigre et vieux, nu sur l’étroit espace,
Sourd au bruit des vivants et sourd au vent qui passe.
Dans un céleste rêve à jamais absorbé.

En le voyant si haut, soudain les caravanes,
Pour traverser les monts, taisent leurs cris profanes :
Le chasseur d’aigles fuit et le noir chamelier
Regarde en frémissant ce spectre qu’il ignore,
Surgissant dans le soir, surgissant dans l’aurore,
Comme un corbeau lointain posé sur un pilier.