Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/36

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Vers le Maître égaré tendaient leurs mains meurtries
Et, sur leur bouche amère éteignant l’oraison,
De pleurs inconsolés baignaient le noir gazon.

Or, sortant de la nuit, Jésus dit : — Voici l’heure
Où, renversant enfin l’enceinte extérieure
Comme autour de l’autel un homme abat un mur,
Je penche le flambeau sur le Mystère obscur.
Priez, ô Bienheureux ! La Colombe éternelle
Descend et vous effleure, ô Justes, de son aile,
Et l’Esprit Saint révèle à ses prédestinés
L’ordre immense et secret des mondes émanés.
C’est l’heure où l’Ineffable et le Premier Mystère
Sur ma lèvre ont brisé le sceau que j’ai dû taire,
Ont mis en mes vertus les rayons nés en Eux
Et, revêtant ma chair du manteau lumineux,
M’ont envoyé vers vous pour que ma voix dépose
En vos seins glorieux l’universelle Gnose.
Amen ! trois fois amen ! Levez-vous, approchez !
Le voile, suspendu sur les Æons cachés,
Va se fendre et tomber aux yeux des Pneumatiques.
Dès qu’imposant les mains sur les rameaux mystiques,
J’aurai béni la flamme et la fumée et l’eau.
Préparez l’holocauste ; apportez le rouleau ;
Et purs, comme il convient aux Messagers suprêmes,
Courbez vos fronts élus sous les triples baptêmes ! —

Autour des vases pleins, sur l’odorant tapis
Du myrte, du genièvre et du nard en épis,