Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/47

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Il vient. À l’aigre bruit des flûtes cristallines,
Le Bloc noir, vénéré des Syriens grossiers,
Dès l’aurore a quitté les demeures divines
Et, comme un conquérant, foulé les sept collines ;
Et son char est d’or pur traîné par six coursiers.

Incrusté de joyaux, chargé d’orfèvreries,
Le double essieu, tournant comme un astre vermeil,
Flamboie ; et sous un dais de guirlandes fleuries,
Un aigle, élargissant son vol de pierreries,
De ses ailes en feu couvre le Dieu-Soleil.

Le Dieu viril et fort dont la splendeur inonde
L’univers éclatant et le ciel radieux,
Parmi les doubles chœurs et le peuple qui gronde,
Approche et, triomphant, roi de Rome et du monde,
A sa pompe étrangère attelle tous les Dieux.

Porteuses de la Flamme éternelle et subtile,
Tes prêtresses, Vesta ! l’abritent sous le lin ;
Aux mains des Saliens le Bouclier rutile,
Et le Palladium et le sacré Bétyle
Suivent ton simulacre, ô grand Capitolin !

Tandis que secouant la pourpre qui lui pèse,
A pied devant le char, le bel Impérator,
L’Adolescent divin, Grand-Prêtre dans Émèse,
Élagabal, joyeux, d’une caresse apaise
Les étalons fumants cabrés au timon d’or.