Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/71

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II. L’EMPEREUR

Jamais, ni les héros, ni les Rois magnanimes,
Ni les vainqueurs, chargés de dépouilles opimes,
Ni les consuls romains ni les divins Césars
Dont le monde à genoux voyait rouler les chars,
Dans une plus splendide et fière apothéose
N’apparurent.

                          Tout bruit cesse.

                                                        La porte close,
La porte éburnéenne aux battants ajourés
Roule, lente et muette, autour des gonds cuivrés.
Et par la gigantesque et subite ouverture,
La lumière vibrante, en nappe ardente et pure,
Traîne un long fleuve d’or sur le pavé poli.
Les flambeaux sont éteints et la flamme a pâli ;
Les marbres blancs et verts des parois droites semblent
Des miroirs traversés d’astres errants qui tremblent ;
L’ivoire est embrasé ; la mosaïque en feu
Mêle à l’airain qui brûle un reflet jaune et bleu,
Et les figures d’or dont la roideur s’anime
Ont des aspects de dieux sur un bûcher sublime.