Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/73

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Et des démons, tissés et tordus dans la trame
Des brodequins de soie, ont l’air d’être foulés
Sous le poids dédaigneux des pieds immaculés.

Il passe. Une rumeur le suit. Et dans la salle
Un murmure de joie autour de Lui s’exhale,
Innombrable et, pareil au frisson des forêts.
Et les Pères-, debout, contemplant sur ses traits
L’austère majesté de la Force sereine,
Reconnaissent Celui qui juge et qui refrène,
L’Ange envoyé par Dieu vers son Église en deuil.
En face d’un autel, un trône. Sans orgueil,
Le très-saint Empereur, auguste et pacifique,
Très-noble, très-pieux, très-grand, très-magnifique,
Siège. Le Labarum, planté sur les degrés,
Contre la haste d’or mêle en frissons pourprés
Ses plis miraculeux aux pourpres de la robe.

Le divin Constantin tient le sceptre et le globe ;
Comme Dieu dans le Ciel, il est seul au sommet ;
Il est sage, il est fort, et Jésus lui transmet
L’héritage avili par des Césars indignes.
Par le Christ et les Dieux marqué des doubles signes,
Empereur et Pontife, il a les deux pouvoirs.
La croix blanche, apparue au milieu des cieux noirs,
L’illumine. Il rayonne, il enchaîne, il délivre ;
Appuyé sur le glaive, appuyé sur le Livre,
Il règne et l’univers, comme un monstre dompté,
Gît en silence aux pieds de sa Divinité.