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Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/78

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Un peuple extasié de martyrs pantelants
Vers les cieux entr’ouverts levait des bras sanglants !
Chers tourments ! pleurs bénis ! ô bienheureuses flammes !
Dans le sang généreux germaient de fortes âmes
Qui, droites, sans fléchir, fleurissant dans les maux,
Puisaient au même tronc la sève des rameaux !
Maintenant l’arbre meurt et l’aquilon charrie
La feuille dispersée, inutile et flétrie.
Le mensonge éternel qui ressuscite, hélas !
Ne s’est point couronné, Dieux de Rome et d’Hellas !
De vos pampres roussis ou de vos roses mortes.
Mais un démon plus vil a rampé sous les portes
Et surgi comme un spectre au milieu des vivants.
Regardez ; ouvrez l’œil et l’oreille. Les vents
Sont empestés ; la Mort sur les monts et les plaines
Souille ses tourbillons et vomit ses haleines.
Le voici !

                   Chien, chacal, vipère, basilic,
Menteur et renégat, empoisonneur public,
Traître, blasphémateur, hérétique et faussaire,
Je te nomme, Arius ! Qui donc ronge et lacère
Comme un tigre acharné, des griffes et des crocs,
La tunique du Christ arrachée aux bourreaux,
Et, mêlant, ô Jésus ! son écume aux morsures,
De ta chair rédemptrice a rouvert les blessures ?
Qui donc, dans son repaire entassant les trésors,
De sa lubricité souillant âmes et corps,
Dans l’ombre a fait rougir de ses vices infâmes