Page:Guesde - La Commune de 1871.djvu/26

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monarchique, et à la « Maison commune » comme on dit en Suisse, qui, destinée à abriter les délégués à l’exécution des volontés populaires, n’avait jamais été, avant le 18 Mars, que le siège de l’exploitation et de la déception commune.

Oui, ces deux incendies — et ceux-là seuls — peuvent être mis avec vérité à la charge de la révolution de 1871, qui ne les a d’ailleurs jamais reniés ; mais ce n’était pas la première fois que pour en finir avec des idées malsaines on s’en prenait à leur représentation extérieure, aux monuments qui les perpétuaient dans l’imagination populaire. En flambant les réceptacles de la domination monarchique et de la domination bourgeoise, le prolétariat communaliste ne faisait que suivre l’exemple, que marcher dans les pas du christianisme des premiers siècles qui, pour débarrasser le monde de ce qu’il appelait les « faux dieux » (comme s’il y en avait de vrais), pour tuer avec et dans le signe la chose signifiée, s’acharnait sur tous les temples, statues, etc., dont il ne laissait pas pierre sur pierre, sans se préoccuper des chefs-d’œuvre atteints par sa torche et par son feu.

Ce « vandalisme » de plusieurs siècles, qui fut d’abord l’effet spontané du zèle des adeptes de la nouvelle religion, fut ensuite, qui plus est, systématisé et transformé en lois et en mesures gouvernementales, aussitôt qu’avec Constantin le christianisme arriva au pouvoir : « ordre de détruire, raser les temples ; ordre de renverser en tous lieux les simulacres, les statues, les images ; de raser, d’extirper les autels, etc.[1] ».

Et je ne sache pas que jamais — dans le parti de l’Ordre au moins — la moindre protestation se soit élevée contre le système, moitié Église et moitié État, de rénovation religieuse et morale de l’univers romain.

  1. Edgar Quinet : Comment une religion finit.