Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/10

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ches, et, par eux, avec toute l’Église[1]. Ce silence de saint Grégoire sur les prétendus droits de la papauté est déjà très significatif par lui-même, et les ultramontains auraient de la peine à l’expliquer. Que pourraient-ils donc opposer aux lettres que nous allons traduire, et dans lesquelles saint Grégoire condamne, de la manière la plus expresse, l’idée fondamentale que les ultramontains voudraient nous donner de la papauté, c’est-à-dire le caractère universel de son autorité ?

L’occasion de ces lettres fut l’ambition du patriarche Jean de Constantinople, qui prétendit que sa ville épiscopale étant devenue la capitale de l’empire, il devait être reconnu universellement comme le premier évêque de l’Église. À cette fin, il inventa le titre de patriarche œcuménique ou universel, et se l’attribua. La première idée d’un pouvoir central et universel dans l’Église est donc venue de Constantinople ; ce fut de Rome que s’éleva la première opposition contre cette prétention ambitieuse, et de la part d’un des plus grands papes qui se soient assis sur la chaire apostolique de Rome.

Saint Grégoire ayant appris que Jean de Constantinople s’attribuait le titre de patriarche œcuménique ou universel, écrivit plusieurs lettres qui méritent d’être lues et méditées, surtout de nos jours, où l’on cherche à nous imposer, comme étant de droit divin, un despotisme papal aussi opposé à la parole de Dieu qu’à la discipline générale de l’Église. Voici celle que Grégoire écrivit à Jean lui-même. Nous la traduisons textuellement :

  1. S. Grég., pap., Epist. 25, lib. 1.