Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/41

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tombe avec lui. Tel est le raisonnement de saint Grégoire. Il a été trop clairvoyant, et nous voyons non l’Église catholique, mais l’Église ultramontaine tomber avec le pape qui prétend résumer l’Église entière en sa personne, en être l’infaillible personnification. Le pape a osé mettre au rang des dogmes l’opinion de l’Immaculée-Conception, et nos évêques contemporains, qui devraient être les échos de la foi permanente et universelle, ont déclaré se soumettre, au nom de leurs Églises, à son jugement infaillible ; il fait de ses prérogatives illégitimes autant de conditions nécessaires de l’unité de l’Église ; et nos évêques contemporains adhèrent avec bruit à ces prétentions, encore au nom de leurs Églises. Le pape cherche à élever jusqu’à une question catholique celle de son temporel, et nos évêques contemporains tombent avec lui dans cette erreur et y entraînent ceux d’entre les catholiques qui font le plus de bruit de leur orthodoxie. Un seul est tombé, et parce qu’il se prétend universel et la personnification de l’Église, l’Église ultramontaine qu’il résume est tombée avec lui.

Heureusement que l’Église de Jésus-Christ n’est pas plus celle d’une époque que celle d’un lieu, et qu’on peut toujours la distinguer au moyen du critérium catholique, si nettement formulé par les Pères de l’Église. Autrement, il ne faudrait plus croire aux promesses de Jésus-Christ ; il faudrait dire d’une manière absolue ce que disait saint Grégoire d’une manière relative : L’universel est tombé, toute l’Église est tombée !

On disait à la cour de Constantinople que Grégoire ne faisait une si rude guerre au titre d’universel que par jalousie contre l’évêque de la nouvelle Rome et pour le rabaisser. L’empereur et Cyriaque lui en écrivirent en ce sens avec tout le respect qu’il méritait ; mais Grégoire fit bien comprendre à Cyriaque qu’on l’avait mal jugé. Il lui envoya, ainsi qu’à l’empereur, le diacre Anatolius pour les détromper, et le chargea de lettres pour l’empereur et pour le patriarche. Il dit à ce dernier, après l’avoir remercié de ses