Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/48

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d’Alexandrie et d’Antioche étaient, aussi bien que celui de Rome, le siége du premier des apôtres, et que ces trois siéges n’en faisaient qu’un. Citons ses paroles ; il écrit ainsi à Euloge, patriarche d’Alexandrie[1] :

« Votre très douce Sainteté m’a beaucoup parlé dans sa lettre de la chaire de saint Pierre, prince des apôtres, disant que cet apôtre y vit encore lui-même dans ses successeurs. Or, je me reconnais indigne non-seulement de l’honneur des chefs, mais d’être compté au nombre des fidèles. Cependant j’ai accueilli volontiers tout ce que vous avez dit, parce que vos paroles touchant la chaire de Pierre venaient de celui qui occupe cette chaire de Pierre. Un honneur particulier n’a aucun charme pour moi, mais je me réjouis beaucoup de ce que vous, qui êtes très saints, ne m’attribuez que ce que vous vous donnez à vous-mêmes. Qui ne sait, en effet, que la sainte Église a été affermie sur la solidité du prince des apôtres, dont le nom est le signe de la fermeté de son âme, et qui a pris, de la pierre, son nom de Pierre ? que c’est à lui qu’il a été dit par la Vérité : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux… quand tu seras converti, affermis tes frères… Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pais, mes brebis. C’est pourquoi, quoiqu’il y ait de nombreux apôtres, le seul siége du prince des apôtres a prévalu par sa principauté, lequel siége existe en trois lieux ; car c’est lui qui a rendu glorieux le siége dans lequel il a daigné se reposer (quiescere) et finir la vie présente. C’est lui qui a illustré le siége où il envoya l’évangéliste son disciple. C’est lui qui a affermi le siége dans lequel il s’est assis pendant sept ans, quoiqu’il dût le quitter. Donc, puisqu’il n’y a qu’un siége unique du même apôtre, et que trois évêques sont maintenant assis sur ce siége, par l’autorité divine, tout ce que j’entends dire de bien de vous, je me l’impute à moi-même. »

On doit remarquer que saint Grégoire, en parlant de Rome, dit seulement que saint Pierre s’y reposa et qu’il y mourut ; à

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. VII ; lettre 39e (édit. bénéd.).