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Page:Guex - Le Théâtre et la Société française de 1815 à 1848, 1900.djvu/102

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LA STRUCTURE ET LA LANGUE DU DRAME

DONA LUCREZIA

C’est bien. Hél sans doute, j’entends. Amenez-le maintenant, que je l’interroge moi-même !

DON ALPHONSE (à l’huissiev)

Faites entrer le prisonnier.

(On voit paraître Gennaro entre deux pertuisaniers.)

DONA LUCREZIA (à part)

Gennaro !

DON ALPHONSE (avec un sourire)

Est-ce que vous connaissez cet homme ?

DONA LUCREZIA (à part)

C’est Gennaro ! Quelle fatalité, mon Dieu ! »

Le public était pris ; il l’est encore de nos jours.

De toutes les réformes poursuivies parles écrivains romantiques, la plus féconde et la plus profitable pour les littérateurs qui vinrent après eux fut incontestablement la rénovation de la langue et de la métrique. A vrai dire, ils n’en furent pas les premiers artisans ; d’autres avant eux, avaient déjà commencé d’enrichir le vocabulaire de notre langue, anémié et décoloré parles derniers classiques. Mais à l’œuvre entreprise par Chateaubriand en particulier, les romantiques apportèrent la consécration de leur talent, l’appui de leurs théories, et surtout leur ferme intention de faire brèche, sur ce point, à la citadelle du classicisme.

Si important que soit ce côté de leurs réformes, il ne nous appartient pas de l’étudier dans tous ses détails, car le drame romantique ne fut pas le seul champ-clos où combattirent les libérateurs du vocabulaire et les champions du style noble. Les luttes furent vives cependant au théâtre, et il semblerait que les résistances classiques s’y soient manifestées essentiellement contre les innovations de forme, au début, tout au moins. Le récit que fait Théophile Gautier de la première représentation d’Hernani est très significatif.

« Serait-ce déjà lui ? C’est bien à l’escalier

Dérobé.»

La querelle était déjà engagée. Ce mot rejeté sans façon à l’autre vers, cet enjambement audacieux, impertinent même, semblait un