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Il nous reste à dire un mot des relations de l’enfant avec sa famille.

Il y a des gens qui prétendent qu’une mesure d’organisation sociale qui met l’entretien de l’enfant à la charge de la société n’est autre chose que « la destruction de la famille ». C’est là une expression vide de sens ; tant que le concours de deux individus de sexe différent sera nécessaire pour la procréation d’un nouveau-né, tant qu’il y aura des pères et des mères, le lien naturel de parenté entre l’enfant et ceux à qui il doit la vie ne pourra pas être effacé des relations sociales.

Seulement le caractère de ce lien devra nécessairement se modifier. Dans l’Antiquité, le père était maître absolu de l’enfant, il avait sur lui droit de vie et de mort ; dans les temps modernes, l’autorité paternelle a été limitée par certaines restrictions ; quoi de plus naturel, par conséquent, que dans une société libre et égalitaire, ce qui reste encore aujourd’hui de cette autorité s’efface complètement, pour faire face aux relations de simple affection ?

Nous ne prétendons pas, sans doute, que l’enfant doive être traité en adulte, que tous ses caprices aient droit au respect, et que lorsqu’il y a opposition entre sa volonté enfantine et les règles établies par la science et le sens commun, il ne faille pas enseigner à l’enfant à céder. Au contraire, nous disons que l’enfant a besoin d’être dirigé : mais la direction de ses premières années ne doit pas être confiée exclusivement aux mains de parents souvent incapables, et qui généralement abusent du pouvoir qui leur est remis. Le but de l’éducation que reçoit l’enfant étant de le mettre aussi vite que possible en état de se diriger lui-même, par le large déve-