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— Il ne m’en manquera pas, répondit le comte. Non loin d’ici j’ai mis en embuscade mille chevaliers vêtus de fer ; j’en ai deux cents avec moi, et d’ailleurs chacun d’eux a son écuyer sur lequel il peut compter.

— J’en remercie Dieu, fit le portier. S’il m’était permis de donner un conseil, je les ferais bien vite sortir de leur cachette et conduire ici par un messager ; et en ce moment même, ou avant le lever du soleil de demain, vous seriez le maître ici. Un homme qui ose entreprendre de telles choses, doit montrer plus de courage qu’un sanglier dans les bois.

Guillaume s’inclina et appela Bertrand pour lui faire part des bonnes dispositions du portier. Celui-ci, inspiré par la présence du héros, se tourna vers le château, et mettant un gant, il dirigea le poing dans la même direction, et s’écria :

— Je te retire ma foi, Richard, à toi et à ta terre ; je ne veux plus rester à ton service. Quand tu ne cherches que trahison, c’est à bon droit qu’on se sépare de toi.

À l’instant même il ouvrit la porte toute grande à Guillaume et aux siens, et l’invita à entrer.

— Noble chevalier, viens châtier les traîtres et les rebelles.

Guillaume lui fit un grand salut, et pendant que sa troupe entrait, il dit à un écuyer :

— Va et apprends cette nouvelle à Gautier de Toulouse et à Gontier de Rome. Dis-leur que celui qui veut gagner du bien, vienne à moi sans bruit ; car les portes de la ville nous sont ouvertes.

L’ordre est bientôt exécuté, et les chevaliers embusqués entrent dans la cité. Ceux qui de leur fenêtre les virent avancer, crurent que c’étaient des troupes amies qu’ils avaient fait mander ; mais ils seront bientôt douloureusement détrompés.

Guillaume demanda au portier comment il pourrait héberger ses soldats, et celui-ci lui répondit :