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sa geste que jamais histoire plus attrayante ne fut contée avec plus de vérité et de dignité. Aucune fable ne l’a altérée : on en fait foi en France ; nous allons la raconter ici : c’est une tradition vraie quoique extraordinaire.”


Franzoyser die besten
Hânt ir des die volge lân,
Daz süezer rode wart nie getân
Mit wirde und ouch mit wârheit.
Underswanc noch underreit
Gevalschte dise rede nie :
Des jehent si dort, nu hœrt se ouch hie.
Diz mære ist wâr, doch wunderlich.




Cette prétention à la vérité historique, on la retrouve aussi chez les anciens rédacteurs de notre poëme. Je n’en citerai qu’un seul exemple, emprunté à l’exorde de la Prise d’Orange :


Oez seignor, (que Dex vos beneie,
Li glorieus, li filz Sainte Marie !)
Bone chançon que ge vos vorrai dire.
Ceste n’est mie d’orgueill ne de folie,
Ne de mençonge estrete ne emprise,
Mès de preudomes qui Espaigne conquistrent.
Icil le sèvent qui en vont à Saint-Gile,
Qui les ensaignes en ont véu à Bride,
L’escu Guillaume et la targe florie,
Et le Bertran, son neveu, le nobile.
Ge ne cuit mie que jà clers m’en desdie,
Ne escripture qu’en ait trové en livre


Et effectivement les poëmes populaires sur Guillaume d’Orange, comme toute tradition, reposent sur un fond historique vrai ; seulement l’imagination l’a touché de sa baguette magique : temps, lieux et personnages ont été amalgamés d’une manière quelquefois fort bizarre.

Ailleurs[1] j’ai tâché de débrouiller ce chaos et de déterminer quels peuvent avoir été les événements historiques dont nos chansons font vibrer un écho lointain. Dans un article d’une Revue hollandaise (de Gids) M. Reinhart Dozy, Professeur à

  1. Dans l’Examen critique cité à la note précédente.