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la réponse affirmative, il les fit passer dans les rues et les rangea sur les plus larges places, afin de ne pas être encombré au moment d’agir. L’entrée du palais s’en trouva tellement obstruée que les Sarrasins avaient de la peine à y entrer.

Le roi Otrant ne lâcha pas son interlocuteur ; il lui demanda où il avait gagné ses richesses, dans quel pays il vivait habituellement ?

— La réponse est facile, dit Guillaume. Tout ce que je possède, je l’ai acquis dans la douce France, et d’ici je compte passer dans la Calabre, la Fouille, et en Sicile ; puis je remonterai par la terre romaine et la Toscane, pour entrer en Allemagne jusqu’en Hongrie. Plus tard je reviendrai de ce côté pour visiter la partie de l’Espagne qu’on appelle la Galice, et par le Poitou et la Normandie je gagnerai l’Angleterre, l’Écosse et le pays de Galles. Mon bureau de change est à Venise.

— Tu n’as vu pas mal de pays, dirent les païens, il est tout naturel que tu sois riche.




IV.


Ville gagnée.


Cependant le roi Otrant se mit à le regarder avec attention, quand il l’entendit discourir si savamment. Il remarqua alors la bosse sur son nez, ce qui lui fit penser à Guillaume au court nez, le fils d’Aymeric de Narbonne. Il tressaillit, et son émotion fut si grande, qu’il faillit tomber