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fort galant et fort adroit à tous les exercices guerriers ; elle doit le préférer à Thibaut d’Esclavonie. Bien fol est le vieillard qui aime une jeune personne ; il est sûr d’être trompé et raillé par dessus le marché.

À ces paroles Guillaume se mit à rire, et dit au Sarrasin :

— Certes, on voit bien que vous ne l’aimez guère.

— Assurement non : que Dieu la maudisse ! Je voudrais bien qu’elle fût en Afrique ou à Bagdad !

Sur ce, il fit conduire Guillaume et ses compagnons vers la reine. Mieux leur eût valu retourner sur leurs pas et mettre le Rhône entre eux et leurs ennemis ; car avant la fin du jour, il leur aviendra de quoi se désoler, à moins que Dieu ne leur vienne en aide.




III.


La découverte.


Ils traversent la grand’ salle et sont introduits dans la tour de Gloriette. L’appartement de la reine est décoré avec une grande richesse. Dans un coin de sa chambre il y a un arbre artificiel à longues branches et à larges feuilles, portant des fleurs extrêmement agréables, de couleurs blanche, bleue et rouge, et exhalant les plus doux parfums.

C’est au pied de cet arbre qu’était assise Orable, la dame d’Afrique.

Elle était vêtue d’une pelisse d’hermine recouvrant un bliaut de drap d’or richement brodé, dont le corsage lacé