homme, te confia la garde de la ville et du château de Gloriette, et ces trois misérables viennent t’en chasser et ont tué tes serviteurs et tes soldats. Par Mahomet ! tu es bien méprisable, si tu ne les fais pas brûler par le feu grégeois.
— Seigneur Pharaon, répondit Arragon, par Mahomet ! donnez-moi un bon conseil. La tour de Gloriette telle que vous la voyez, est aussi solide que le roc sur lequel elle est fondée ; d’ici jusqu’à Moncontour il n’existe pas un homme qui réussirait à y pratiquer une ouverture. Et où diable prendrait-on le charbon pour les brûler ? Nous n’avons pas même une broche de bois. Ces trois gloutons y sont arrivés parce qu’ils n’ont douté de rien, et en sept ans nous ne parviendrons pas à les mettre dehors.
Auprès d’eux se trouvait Orquenois, un vieux Sarrasin à la barbe noire, mais aux cheveux et aux sourcils blancs, qui leur suggéra ce qu’ils avaient à faire.
— Seigneur émir, fit-il, faites attention à ce que je vais vous dire, et dites-moi si j’aurais quelque profit, dans le cas où je ferais tomber en vos mains le Français Guillaume, afin que vous pussiez le retenir prisonnier ?
— Certainement, répondit Arragon : je te donnerais dix mulets chargés d’or fin d’Espagne, si tu dis vrai.
— C’est bon, fit Orquenois ; si vous m’en faites la promesse solennelle, j’y aviserai.
— Je vous le jure, répondit Arragon, et je vous promets de vous bailler loyalement l’argent, quand il vous plaira.
— C’est convenu, dit Orquenois. Eh bien, beau sire, par Mahomet ! je vais vous enseigner comment vous le prendrez par ruse. La tour de Gloriette a été bâtie par Grifaigne d’Almérie, un homme de grande subtilité ; mais vous n’en connaissez pas les secrets. Un souterrain voûté y conduit, dont la porte secrète se trouve en votre palais. Entrez-y vous-même avec mille hommes et faites-les attaquer en même temps de front. De cette manière la mort de Guillaume est certaine.