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I.


Le Vœu


Seigneurs et dames, écoutez une bonne chanson ! Jamais vous n’en entendrez de pareille. Le héros en est Guillaume, le marquis au court nez, le meilleur chevalier que mère mît au monde et que nul ne surpassa à la guerre. Jamais il ne laissa reposer sa valeur, qu’il n’eût, autant que possible, malmené les païens.

Un jour de Pâques Guillaume avait armé chevalier Vivian, le fils aîné de Garin d’Anséune. Pour l’amour de lui il avait donné l’accolade à cent de ses compagnons. Vivian lui dit :

— Bel oncle, écoutez-moi. Je reçois l’épée que vous me ceignez à telle condition, qu’en présence de vous, de Guibor qui m’a tenu lieu de mère, et de tous vos pairs, je jure à Dieu, que tant que j’aurai endossé mon haubert et lacé le heaume en mon chef, jamais je ne fuirai devant Sarrasins ou Turcs, quel que soit leur nombre.

— Neveu, lui répondit Guillaume, vous ne vivrez guère, si vous tenez ce serment. Il n’est homme si preux ni si vaillant, qui, dans un combat en plein champ, n’ait besoin de fuir, quand il est encombré par le nombre des ennemis,