Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxiii

du voile qui couvre encore le moyen âge, m’a mis la plume à la main, j’aime à convenir que j’ai encore été mû par un autre sentiment. J’ai accompli ma tâche avec amour, dans la pensée qu’en même temps j’apportais une pierre au monument glorieux de l’illustre Maison dont les destinées sont, depuis des siècles, intimement liées à celles de la nation hollandaise, de cette Maison qui a donné bien plus d’éclat au nom d’Orange que n’ont pu le faire les trouvères et jongleurs des temps passés, et qui tient à ce nom qu’elle a si noblement illustré[1].

Sur la nature de ce travail il y a peu de chose à dire. Ma traduction serre l’original d’aussi près que possible. Je crois avoir rendu les anciens textes aussi fidèlement que le comporte la différence qui existe non seulement entre la langue du XIXe siècle et celle du XIIe, mais encore entre nos idées et celles d’alors. J’ai déjà dit que j’avais éliminé les répétitions que le jongleur se permettait, quand il voyait que le sujet intéressait un auditoire dont il espérait une ample moisson de deniers. Quelquefois je me suis permis des transpositions de certaines parties du texte, quand j’ai cru que la clarté et la marche du récit y gagneraient.

Je n’ai pas ajouté de notes ou d’éclaircissements à la narration, quoique l’ignorance des mœurs du moyen âge dans laquelle nous vivons toujours, les rendît peut-être souvent désirables. Il en aurait fallu trop. Bientôt du reste j’espère apporter ma part de remède à ce mal universel, en publiant un grand ouvrage ayant pour titre : Le moyen âge d’après les poëtes du temps.

Une seule note sera cependant nécessaire pour l’intelligence de plusieurs parties du poëme : elle se rapporte à l’armure du che-

  1. Dans sa proclamation du 16 Mars 1815, le Roi Guillaume premier, après avoir déclaré que dorénavant il prenait le titre de Roi, crut devoir ajouter :

    „Mais quelque convenables que puissent paraître ces déterminations… Nous ne Nous croyons pas moins obligés de prendre soin que le nom que, dans toutes les vicissitudes de la fortune, Nous avons toujours porté avec honneur et sous lequel Nos ancêtres ont rendu tant de services à la cause de la liberté, ne vienne à s’éteindre et à disparaître. À ces causes nous voulons et ordonnons que désormais l’héritier présomptif du Royaume des Pays-Bas prenne, porte et conserve le nom et le titre de Prince d’Orange ; et Nous les accordons par ces présentes à Notre cher Fils aîné, avec une satisfaction d’autant plus vive que Nous sommes convaincus, qu’il en saura maintenir l’antique éclat par l’accomplissement scrupuleux de ses devoirs comme Notre premier sujet et comme le souverain futur de la nouvelle Monarchie, et par son courage et par un dévouement sans bornes, toutes les fois qu’il s’agira de veiller aux droits de sa Maison et la sûreté du territoire hospitalier et paisible des Pays-Bas.”