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IV.


L’armée entre dans Orange.


Dame Guibor avait endossé la cuirasse et ceint l’épée, et avec toutes les dames, armées de même, elle était montée aux fenêtres de la grande tour carrée pendant que les chevaliers gardaient la porte.

L’assaut avait été opiniâtre et le combat sanglant. Les dames jetèrent de grosses pierres sur la tête des assaillants, dont beaucoup gisaient à terre tout sanglants. Heureusement la tour d’Orange était si forte qu’elle n’avait rien à craindre d’un assaut.

Enfin les Sarrasins, de guerre lasse, avaient sonné la retraite. En quittant la ville ils y avaient mis le feu ; puis ils s’étaient dirigés en grande partie vers l’Archant, afin d’y construire des engins pour réduire la tour ; car Desramé a juré par sa barbe, qu’il rasera le château et que Guibor sera traînée par des chevaux, ou noyée dans la mer.

Lorsque le comte Guillaume vit la fumée, il dit à ses hommes :

— Orange est en flammes ! Sainte Marie, reine du ciel ! ces mécréants emmènent Guibor. Vite aux armes, nobles compagnons !

Les trompettes sonnent et l’armée est prête à combattre.

Le comte Guillaume ferme la ventaille de son capuchon de mailles, et l’épée au flanc gauche, il saute sur son cheval de bataille à la selle dorée. L’écu au cou et l’oriflamme levée, il galope vers Orange. Renouard le suit à grands pas en brandissant sa grosse perche. Toute l’armée descend des hauteurs et se répand autour de la ville.

Cependant dame Guibor monte au faîte de la tour ; et