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et complies. Et quand vous serez prêtre, vous lirez l’évangile et vous chanterez la messe.

— Pour Dieu ! beau sire, dit le comte, faites-moi tout de suite entrer dans les ordres et donnez-moi la tonsure.

— Par saint Pierre de Rome ! repondit l’abbé, vous l’aurez avant qu’on chante l’office de none ; le chapitre ne m’arrêtera pas.

Il prend des ciseaux et lui fait la tonsure. Quand il l’eut rasé, l’abbé appela un moine et lui dit :

— Allez me chercher une noire gonne, et une étole, le froc, la chape et le vêtement de dessous, et la riche pelisse qu’un mien cousin m’apporta d’Espagne.

On apporta la gonne et le comte s’en vêtit. Et quoiqu’elle fût bien grande, elle était trop courte d’un demi-pied ; car le nouveau moine surpassait tous les autres de toute la tête.

Cela fit encore bien rire l’abbé et tout ses moines.

— Vous voilà des nôtres, lui dit l’abbé ; aimez-nous et honorez-nous, et tous nos religieux vous respecteront.

— Sans aucun doute, répondit Guillaume ; mais recommandez à tous, grands et petits, qu’ils me traitent bien et ne me mettent pas en colère ; car je traiterais le plus huppé de manière à lui faire dire qu’il a vu un mauvais jour.




II.


Une trahison de moine.


Guillaume resta maint jour dans l’ordre, et il mena une sainte vie ; il assistait de grand cœur au service divin, et ne manquait aucun office, ni matin ni soir.