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y laisser, puisqu’il m’est interdit de m’en servir : selon l’ordre exprès de l’abbé, je ne dois me défendre qu’avec de la chair et des os pour toutes armes.

En tournant la tête, le comte aperçut près de lui un des chevaux de somme sur lesquels il avait fait charger les poissons. Il lui arrache la cuisse et la jambe, et en brandissant cette arme il s’avance sur les bandits qu’il a bientôt tous tués. Pas un seul ne resta sur pied ; et de cette manière la route devint libre : dorénavant les pauvres gens n’y seront plus dépouillés.

Alors jetant les yeux sur le pauvre sommier, le noble comte en eut pitié, et il pria Dieu de le guérir. Il remit la cuisse qu’il avait arrachée à sa place ; et à la prière du bon comte, Dieu fit un grand miracle, car le cheval fut guéri au même instant et se releva avec son fardeau sur le dos.

Ensuite le vainqueur retira son valet du fossé où les brigands l’avaient jeté et défit ses liens ; il lui ordonna de monter sur le meilleur des chevaux des bandits, et d’emmener les autres. Puis ils se mirent en marche.




IV.


Le châtiment.


Trois moines épiaient près de la porte, qu’ils avaient bien verrouillée. En voyant venir Guillaume par la chaussée, ils coururent vers l’abbé pour lui annoncer cette nouvelle.

— Guillaume arrive, suivi de plusieurs chevaux de somme et de bataille.