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— Qui êtes-vous, qui marchez si tard ?

— Vous le saurez, car je suis porteur d’un message.

Guillaume étant survenu, attiré par le bruit, lui dit :

— Beau frère, qui es-tu ? N’essaie pas de me tromper.

— Je vous dirai la vérité, répond l’autre. Je vous jure par Mahomet, mon Dieu, que je suis messager de la plus belle dame des pays musulmans, d’Orable, la sœur d’Acéré. Elle vous envoie par moi salut et amitié. Vous serez récompensé de l’épervier que vous lui avez envoyé par Aquilant de Luiserne. Vous voyez bien que vous pouvez avoir confiance en moi.

— Tu as bien parlé, mon ami, reprit Guillaume ; et pour l’amour de celle qui t’a envoyé, je te donnerai ma pelisse d’hermine et mon palefroi, si tu veux le mener avec toi.

— C’est folie de parler ainsi, répondit le messager ; je n’oserais l’emmener avec moi à Orange, car ma dame me ferait tuer. Elle est bien assez riche pour me récompenser amplement. Mais laissez-moi vous transmettre son message. Si vous pouvez vous rendre maître d’elle, elle se fera baptiser et adorera votre Dieu !

— Seigneur, s’écria Guillaume, sois beni ! Sainte Marie, mère de Dieu, jamais de ma vie, je n’épouserai d’autre femme qu’elle.

— Seigneur Guillaume, reprit le messager, j’ai encore autre chose à vous dire. Ma maîtresse vous mande d’être sur vos gardes, puisque ceux d’Orange ont reçu l’ordre de marcher contre vous. Ils ne demandent pas mieux que de vous malmener ; s’ils viennent vous surprendre, vous êtes un homme mort.

— Mon Dieu ! fit Guillaume, que ne suis-je armé chevalier ! Sainte Marie, reine des cieux ! je frapperais tellement de mon épée, qu’elle serait teinte de sang jusqu’à la poignée !

Messager mon ami, je vous remercie de ce que vous