sont tombés avec lui. Et c’est Guillaume qui a fait cela, lui et ses frères. Il a oui dire que vous êtes belle de visage et de corps, sage et bien élevée : s’il entend jamais que Thibaut vous épouse, il viendra ravager nos terres et nous exterminera tous.
À ces mots Orable devint toute pâle et tomba sans connaissance. Lorsqu’elle eut repris ses sens, Clariel lui donna la main et la conduisit dans l’intérieur du château. Là, appuyé à l’une des fenêtres, il lui raconta en détail leur déconfiture.
— Par ma foi, demoiselle, fit-il, vous ne vous faites pas d’idée de la force de Guillaume. Sa poitrine et ses épaules sont larges ; cependant il a la couleur d’une rose à peine épanouie. Il est bien plus beau que l’émir de Perse ou le puissant roi Galeans d’Averse.
— Ne m’en dites pas davantage, seigneur, répondit la pucelle. Par le Seigneur qui gouverne le monde ! je suis tellement éprise du beau Guillaume, qu’à peine suis-je maîtresse de moi.
En ce moment même le messager qu’elle avait envoyé à Guillaume se présenta devant elle, et lui dit :
— Demoiselle, vous m’avez envoyé vers Guillaume, eh bien ! il vous mande par moi salut et amitié, et il vous prie d’accepter cet anneau et de ne pas le donner à l’émir Thibaut, mais de le bien garder ; car alors vous ne perdrez jamais son amour.
— Je te remercie, dit la pucelle ; par Mahomet ! je te récompenserai richement.
Laissons pour le moment la demoiselle et revenons à Guillaume.
Quand les Musulmans furent partis, il dit à son père :
— Monseigneur, faites charger nos bagages et partons pour la France rejoindre l’empereur ; car à la Pentecôte je veux être armé chevalier.
— Volontiers, mon fils ; tes désirs seront accomplis.