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LIVRE XI.

La majesté de vos autels
Elle-même en est offensée :
Car sachez que les immortels (16)
Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples,
Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur,
De mépris d’eux, et de leurs Temples,
D’avarice qui va jusques à la fureur.
Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome (17) :
La terre, et le travail de l’homme
Font, pour les assouvir, des efforts superflus.
Retirez-les : on ne veut plus
Cultiver pour eux les campagnes.
Nous quittons les Cités, nous fuyons aux montagnes ;
Nous laissons nos chères compagnes :
Nous ne conversons plus qu’avec les Ours affreux,
Découragés de mettre au jour des malheureux ;
Et de peupler pour Rome un Pays qu’elle opprime.
Quant à nos enfans déjà nés,
Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés :
Vos Préteurs, au malheur, nous font joindre le crime.
Retirez-les, ils ne nous apprendront
Que la mollesse et que le vice (18) ;
Les Germains comme eux deviendront
Gens de rapine et d’avarice.
C’est tout ce que j’ai vu dans Rome à mon abord.
N’a-t-on point de présent à faire,
Point de pourpre a donner, c’est en vain qu’on espère
Quelque refuge aux loix : encor leur ministère
A-t-il mille longueurs. Ce discours un peu fort
Doit commencer à vous déplaire.