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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/113

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de relations avec tous les êtres, mais tous ceux qui m’avertiront de leur existence seront sauvés. »

Et l’on a pensé qu’un attouchement de la statue pouvait être bon, mais peut-être insuffisant ; tandis qu’une petite pierre lancée à propos et avec adresse ne fait pas trop de mal, mais attire bien autrement l’attention des hommes et même des dieux.

Et l’on jette des pierres à Jiso afin qu’il ne vous oublie pas.

Tenez, voyez le long de ce bosquet cette rangée de six statues de Jiso en pierre. Chacune représente le dieu lorsqu’il était dans un des six mondes qu’il est venu sauver. Mais voyez comme ces dieux ont l’air malade !

D’abord de nombreuses blessures attestent qu’ils ont souffert ; des nez enlevés, des oreilles cassées, des bras manchots, des visages déformés, des pieds incomplets, etc.

Et puis tout un attirail de pansements indique qu’on les veut soigner ; mentonnières nouées sur la tête, œil bandé, bras en écharpe, jambes entourées de linges, torses couverts de cataplasmes, etc.

Les blessures sont le résultat des coups de cailloux que les statues ont reçues de leurs adorateurs.

Les soins qu’on leur donne ont pour but, non de les guérir, mais de les engager à guérir des maux qu’on a soi-même.

Ainsi nous avons vu dans ce jardin d’Assaksa bien des manières de faire des prières ; il nous restait à trouver des dieux qu’on entoure de remèdes pour se faire du bien, et ceux dont on s’attire les faveurs en leur cassant le nez.