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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/122

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lequel on se garderait bien de se moucher par la raison que les Japonais, même enrhumés, ne se mouchent point.

C’est donc un mouchoir de poche sur lequel on a imprimé en bleu sur blanc ou en blanc sur bleu le nom d’un voyageur, d’une corporation, d’une société de secours mutuels, d’une association artistique ou d’un pays.

Tout client satisfait de la maison où il est reçu, laisse en partant, en manière de carte de visite, son tenogoui dont on fait une réclame, et qu’on montre aux passants comme un livre de voyageurs.

Ici est une ménagerie ; là, un conférencier qui récite des scènes comiques ; plus loin, un théâtre de marionnettes ; à côté, un marchand d’oiseaux aux volières animées ; dans ce coin, on admire un prestidigitateur ; dans cette enceinte, on essaie des chevaux à vendre ; cet immense bâtiment contient des figures de bois et cette foule serrée entre dans un théâtre.

Nous ne pouvons tout regarder.

Contentons-nous des figures de bois et du théâtre ; puis, nous nous dirigerons rapidement vers les temples de Shiba.

La collection de figures de bois qu’on nous montre correspond aux collections de figures de cire qui sont exhibées dans nos foires européennes. Seulement, au lieu de présenter ce fouillis de personnages plus ou moins historiques, ce mélange incohérent de costumes défraîchis, cette accumulation de scènes variées qui s’entremêlent et font vivre côte à côte les assassins célèbres et les diplomates, les Turcs et les chasseurs de chamois, les reines et les bergères de Florian…, les Japonais veulent que l’illusion et l’impression soient plus complètes et ils soignent non seulement les types, les costumes, les attitudes, mais aussi le décor et l’éclairage de la scène. Ainsi chaque sujet représenté occupe une seule chambre avec une sorte de diorama qui figure un véritable tableau en relief.

Les sujets représentés sont des légendes divines ou des actualités.