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XXI

CLAIR DE LUNE


orsque Mmégaé eut atteint Korétoki, celui-ci voulut la repousser. Les convenances avant tout !

La jeune fille persista et les deux couples, Mmégaé et Korétoki, Matsoué et Obana, suivirent en silence le chemin qui mène à la montagne de Marouyama, près de Shiba. C’était l’heure du chien (huit heures du soir). La lune éclairait de ses pâles rayons la surface miroitante des eaux de Sinagava.

Au milieu de la douce mélancolie du paysage, les quatre infortunés, éprouvant une triste émotion, restèrent longtemps muets et pensifs.

Ils s’étaient arrêtés dans un endroit fort escarpé. Derrière eux se dressaient des rochers et des arbres énormes dont les ombres se projetaient en dessins fantastiques sur les montagnes voisines. À leurs pieds s’étendait l’étroite et profonde vallée de Nishi-no-Koubo. Les arbres qui poussaient dans ce creux étaient si serrés et si hauts que leurs sommets