Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/172

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Un miracle vint lui fournir une occasion de satisfaire son goût pour les édifices.

Il se promenait, un jour, dans les environs de la ville, accompagné d’une suite nombreuse, lorsque tout à coup son cheval se cabra et refusa de faire un pas de plus.

Le Shiogoun mit pied à terre et vit sur le bord du chemin une petite chapelle. Évidemment l’animal, plus sensible que les hommes aux influences surnaturelles, servait d’instrument aux dieux pour attirer l’attention du grand ministre sur l’humble chapelle qu’on avait érigée là.

Devant l’édicule un prêtre faisait sa prière. C’était la chapelle d’Obana et de Matsoué.

Le Shiogoun se mit à causer avec le prêtre, un certain Sonoo, qui était fort savant. L’entretien plut au ministre qui revint souvent voir le bonze pour s’entretenir avec lui des grands mystères si relevés et si compliqués de la religion bouddhique.

C’était bien le cas, pour garder le souvenir du miracle du cheval, de construire un temple et de remplacer la petite chapelle par un édifice digne de Quanon. La statue qu’avaient consacrée Obana et Matsoué existe encore dans le temple construit par Yeyas et rappelle la vie d’austérité et de prière que mena le pieux ménage, soit pour racheter des erreurs de jeunesse, soit pour honorer la mémoire de Mmégaé.

Yeyas construisit aussi la grande tour à cinq étages qui a été brûlée récemment ; il établit également les chapelles accessoires du grand temple et presque toutes les maisons de prêtres.

Ainsi furent fondés les temples de Shiba, qui rappellent l’histoire populaire des deux amants.

Maintenant, on peut se demander qui sont ces deux amants.

S’agit-il d’Obana et de Matsoué ?