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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/204

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— Nous sommes égaux et nous avons les mêmes droits et aussi les mêmes devoirs. Suivez la bonne loi et vous arriverez à la perfection, au bonheur, à la cessation des passions qui avilissent l’homme et le font souffrir.

Mais, du moment que sa révélation ne s’adressait pas à un peuple spécial, du moment qu’il donnait un moyen pour sauver les hommes, ses sectaires devaient avoir le désir d’en sauver le plus grand nombre possible. De là à organiser des missions, il n’y avait qu’un pas : il fut vite franchi.

Et les frères prêcheurs partirent dans tous les sens : mais, à l’Ouest, les déserts de l’Arabie, de la Perse, les arrêtèrent. Peut-être, de ce côté, dans cette zone sémitique, demandait-on des religions moins compliquées et des fins moins lointaines. Mais, à l’Orient, les missionnaires bouddhiques trouvèrent des populations très préoccupées de la nature, très disposées à lui trouver un sens, toutes prêtes à accepter une morale douce, une philosophie qu’on pouvait laisser dans les nuages et un culte brillant, majestueux, plein de détails impressionnants.

De proche en proche, le bouddhisme envahit le Thibet, la Birmanie, le Siam, le Cambodge, la Chine… se pliant à tous les climats, à tous les gouvernements, à tous les usages, respectant les croyances locales, les expliquant au besoin, se superposant aux religions des peuples, en ajoutant au fétichisme ce qui lui manquait d’élévation, en complétant la froide sagesse par ce sentiment humain, cet esprit de dévouement que Socrate entrevit, que Jésus proclama.

Lorsque arriva au Japon la première mission bouddhique, elle apporta avec elle des industries inconnues et qui étaient nécessaires à son culte ; il lui fallait les riches étoffes sacerdotales, les vases sacrés en poteries et en bronzes, les idoles dorées, les temples luxueux ; et derrière les prêtres, s’avançaient des sculpteurs, des peintres, des tisseurs, des