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en chaume et en papier, petite de 6 mètres carrés et composée de deux pièces.

Le vestibule d’entrée est entièrement rempli par deux femmes qui se prosternent pour nous recevoir. La seconde chambre est l’atelier, plein de lumière ; encombré de rouleaux de papiers, de pinceaux et de boîtes à couleur. Deux ou trois masques comiques, des inscriptions encadrées, reproduisant des sentences philosophiques, et, sur une table, une chimère et un fétiche en terre cuite d’une très haute antiquité ; ce sont les dieux lares ; on a placé devant eux des offrandes de gâteaux et de sakké.

La chambre est égayée par le jardin qui l’entoure et l’envahit ; des branches d’arbre passent à travers les cloisons mal fermées. Un jeune chat, à la queue coupée, selon l’usage, escalade les piles de papier et renverse les burettes à eau. Il se permet même, pendant la visite, de s’adjuger le gâteau offert au petit dieu en terre cuite.

L’artiste paraît très heureux et très ému de la démarche que nous faisons auprès de lui. Il se frotte constamment le bras droit avec la main gauche, ce qui est, chez les Japonais, le signe d’une grande préoccupation ou d’un violent embarras.

On cause, grâce à l’interprète Kondo qui nous accompagne, et peu à peu la gaieté se met de la partie. Mme Kiosaï apporte du thé et des gâteaux identiques à celui qu’on a offert au petit dieu.

Régamey a déjà tiré ses armes. La pose accroupie étant incompatible avec ses guêtres et ses pantalons, il s’est assis sur la natte les jambes à demi étendues et, son album sur ses genoux, il demande à Kiosaï l’autorisation de lui faire son portrait.

Kiosaï, tout confus, se prosterne en signe d’acquiescement et de reconnaissance ; il aspire tant qu’il peut, les dents serrées, pour témoigner combien il est honoré.