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promenades japonaises
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de faire un pèlerinage à Nikko ; elle s’avance avec sa suite ; les femmes sont accroupies dans le léger kangoo de bambou et portée chacune par deux hommes aux vêtements relevés et flottants. C’est, nous dit-on, la princesse Nabéshima dont les ancêtres ont souvent fait d’importantes donations aux temples de la montagne.

En face du pont sacré est une petite chapelle shïntoïste caractérisée par son petit arc de triomphe en bois, mais qui a néanmoins reçu des hommages bouddhiques comme le prouve les deux lions de pierre, emblème de la race des Sakia. Cette chapelle est dédiée au dragon du torrent et, je ne sais pourquoi, on y dépose en ex-votos des éventails démontés, privés de leur goupille centrale.


Cette chapelle est dédiée au dragon du torrent.

Des enfants jouent sur les marches de ce petit sanctuaire.

Nous montons l’avenue tournante qui se déroule majestueusement sur les flancs de la montagne et nous arrivons à une autre avenue toute droite, d’une grande largeur et bordée de berges en granit.

Sur la droite est l’habitation de l’évêque bouddhique. Puis une colonne de fer creux, renfermant les principaux livres religieux qui parlent de la transmigration des âmes et des moyens de s’en affranchir. Cette colonne élevée en 1638 par Tenkaï de la secte Ten-daï n’a pas la prétention d’être une bibliothèque commode à consulter, elle est destinée, comme beaucoup d’objets saints du bouddhisme, à tenir lieu d’une lecture longue et compliquée. En effet, il suffit d’entendre le bruit des clochettes d’or qui l’ornent, ou d’en faire le tour, ou de marcher dans son ombre pour être du coup affranchi d’une quantité de migrations pénibles. Même les animaux qui passent auprès, les oiseaux dont le vol l’entoure ou les êtres qui respirent le vent qui a touché la colonne sainte sont délivrés à jamais de la vie des trois mondes inférieurs.

1o Gigokou ou enfer proprement dit.

2o Gaki ou monde des êtres souffrant d’une faim permanente.