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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/29

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promenades japonaises.
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toïsme consacrait les découvertes de la civilisation. On ne savait vraiment qui grandissait le plus dans cette fusion, l’Occident s’offrant à l’Orient ou l’Orient acceptant l’Occident.


Le Mikado inaugurant le premier chemin de fer construit au Japon.

Avant cette étrange journée, le souverain caché dans son palais de Kioto n’était vu par personne. De temps à autre, les grands du royaume se réunissaient devant une sorte de théâtre dont le rideau était baissé ; chacun prenait sa place suivant son grade, le grand ministre en tête. Derrière le rideau, l’empereur était assis sur une montagne de coussins.

Alors on soulevait un peu le rideau. Le premier ministre placé en avant voyait vaguement dans l’ombre un amas de riches étoffes, un pantalon et le bout des manches augustes.

Les grands du royaume ne voyaient que le trou par lequel le grand ministre voyait le pantalon.

Parfois un brillant cortège traversait la ville. Tous se prosternaient. Dans une chaise à porteur grillée se tenait accroupi un homme dont on n’apercevait que l’ombre, quand par hasard le soleil venait du côté opposé. On assurait que cette ombre était celle du Mikado.

Grande fut donc l’émotion quand l’empereur arriva en personne sur le bateau à vapeur qui l’amenait de Tokio pour débarquer à Yokohama, la ville des étrangers, et monter dans le wagon réservé.

Sa Majesté était coiffée de la mitre dorée, bonnet bizarre que seul le Mikado a le droit de porter. Sa robe de soie aux amples contours était d’un vert sombre avec des bambous et des oiseaux brodés en soie brune.

Les fonctionnaires étaient en robes et bonnets noirs.

Le voyage se passa sans accident.

Arrivés à la gare de Tokio, la cour monta à cheval et fit ainsi sa rentrée au palais impérial.