bouddhas imparfaits, fruits secs du paradis. Plus puissants que les hommes, ce sont des dieux manqués ; esprits grotesques, quoique supérieurs ; êtres informes, armés néanmoins de pouvoirs surnaturels. Aussi quand quelqu’un disparaît, quand un enfant s’égare ou une femme ne revient pas au logis, on va trouver Ishivara qui se charge, même sans récompense honnête, de retrouver l’être égaré.
Or, un pèlerin, homme bien connu à Yeddo, perdit son jeune fils dans la montagne de Nikko. Ishivara consulté répondit que l’enfant était déjà à Yeddo. Mais, pendant la visite du père, il se mit à pleuvoir et Ishivara lui offrit son parapluie.
— Et comment vous le rendre ?
— Vous le mettrez sur le toit de votre maison et le tëngou qui a ramené votre fils rapportera le parapluie.
Le père retrouva son enfant chez lui, et le lendemain le parapluie placé sur la maison avait disparu, emporté par le complaisant tëngou.
Heureux Japon qui voit encore les dieux se mêler de ses affaires les plus intimes. Heureux peuple qui vit ainsi protégé par les êtres divins !