Aller au contenu

Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
promenades japonaises.

guré des croix latines. Sa tête est rasée et, dans ses doigts, s’agitent deux chapelets ; un brun à gros grains et un tout petit à perles blanches.

Kondo commence la litanie des compliments obligatoires. De temps en temps il incline la tête en avant et baisse la voix comme s’il était à bout de souffle ; c’est le suprême de la distinction quand on veut être très poli ; une aspiration dentale à chaque fin de phrase, la péroraison débitée d’une voix éteinte en frottant la table de son front, tout cela indique un homme qui sait son monde.

Le grand prêtre profite de chaque aspiration de Kondo pour pousser un « hé » approbatif qui sert de ponctuation au discours de son interlocuteur. À son tour il prend la parole et termine aussi d’un ton mourant, imperceptible en appuyant également sur la table son front rasé.

Les formules de politesses épuisées, la conversation s’engage. Ce prêtre savant veut bien me donner sur sa religion une quantité de renseignements dont j’étais loin de me douter après avoir lu pourtant ce qui a déjà été écrit sur le bouddhisme par les savants européens. Il est évident que, en passant à travers la Chine, les dogmes de Sakia Mouni se sont singulièrement modifiés. Du reste, il n’est ici question que de la secte Ten-daï, car chaque secte a des idées différentes, même sur les principes fondamentaux.

Le bonze m’offre d’envoyer demain matin un de ses docteurs pour m’expliquer les représentations religieuses que j’ai re-