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des courants d’air ; la chaleur de la saison est admirablement combattue par ce procédé fort simple qui consiste, comme on voit, à supprimer les murs de l’habitation.

Quelques frises à jour indiquent çà et là contre le plafond les séparations des appartements et révèlent le plan de la maison lorsque les cloisons sont placées.

Par les vastes ouvertures, à travers des galeries découpées, la vue s’étend sur des jardins et sur un canal qui tourne gracieusement et laisse voir en face ainsi qu’à gauche des perspectives sans fin de ces magasins en forme de châteaux forts que les Anglais appellent godowns.

Ces constructions percées de rares meurtrières sont formées d’une sorte de pisé gris qu’on dit incombustible. Les toitures bizarrement contournées en accolade sont accusées par des bourrelets de tuiles noires vernies et brillantes qui forment sur le ciel des festons énergiques et irréguliers.

Dans ces magasins que le canal dessert de la façon la plus commode, les riches négociants de Tokio accumulent leurs approvisionnements et leurs trésors commerciaux.

La pièce où nous nous trouvons n’a pas un seul meuble. Dans un renfoncement se trouve seulement un superbe vase en vieux shizen ; c’est là tout le mobilier. Aussi on nous offre de nous asseoir par terre.

Une vieille servante nous apporte le shibashi d’abord, petit brasero de faïence flanqué d’un tube de bambou sur lequel on frappe la pipe pour en faire tomber les cendres.

Puis, elle apporte du thé dans une toute petite théière qui suffit à peine à alimenter trois tasses microscopiques.

Elle revient enfin une troisième fois pour nous offrir des petits gâteaux, fort bons vraiment, que nous essayons vainement de saisir avec les baguettes de bois qu’on nous met aux mains pour cet usage.