colossales des gardiens du temple, Nios grimaçants, terribles, au corps rouge, aux draperies mouvementées, armés de lances formidables, effrayants autant que possible, mais très bons enfants dans le fond.
Là commence la série des actes religieux qu’on peut accomplir en l’honneur du dieu Quanon. Le long des grilles qui entourent les statues on suspend en ex-voto les sandales de paille qui ont servi à faire le pèlerinage. Parfois, pour ne pas encombrer de chaussures pourries le portique du temple, on remplace la quantité par la qualité et une société de pèlerins se cotise pour offrir au Nios une seule paire de sandales, mais quelles sandales ! Un mètre de long ! Ce sont des vrais monuments.
(Fac-similé d’un dessin japonais)
On ne tarde pas à s’apercevoir que la préoccupation des fidèles est d’éviter les distractions incessantes que les dieux ont évidemment. Combien, en effet, ne voit-on pas de prières non exaucées ? Et la manière dont va le monde indique bien que ceux qui le mènent ne sont pas bien à leur affaire ; aussi on ne néglige rien pour attirer l’attention des êtres qui ont la puissance infinie.
Pour commencer, on cherche à obtenir les faveurs ou tout au moins la bienveillance des portiers qui gardent le dieu. On leur explique que l’on est venu de loin, que le voyage s’est très bien passé, détail qui montre que le dieu est déjà bien disposé, et pour preuves, en guise de cartes de visite, on dépose ses souliers chez le concierge.
Mais cela ne suffit pas ; il faut que les préposés aux mystères de la porte veuillent bien avertir leur maître de la présence des étrangers, et, pour ce faire, on écrit une lettre en forme de prière adressée au dieu ; on lui annonce l’heureuse arrivée des pèlerins et on le prévient qu’il ne va pas tarder à recevoir dans le grand temple la visite officielle et la prière définitive. Mais comment faire parvenir à son adresse cette missive d’introduction ?