Que pour mieux insulter à tes vertus divines,
Voici qu’on a tressé ta couronne d’épines,
Et que, te poursuivant,
Le Germain dont grandit la haine séculaire
à tes vaillants efforts assouvit sa colère
En préparant ta croix !
Ne pleure pas sur toi ! pleure l’aveugle rage
De ceux qu’irrite encor ton sublime courage
Et qui servent les rois !
Le Christ vendu, trahi, délaissé du ciel même,
Cloué sur le gibet, avait la foi suprême
De sa divinité.
Ô France abandonnée, épuisée et meurtrie,
Crois en toi, crois en toi ! Dans ton sein, ô patrie !
Bat l’immortalité.
Malheur à ceux qui t’ont ou vaincue, ou livrée !
Les larmes germeront dans notre âme navrée,
Et nous verrons encor
Ceux qui vont n’outrageant les héros qu’au Calvaire,
Tremblants, se prosterner la face contre terre,
À l’heure du Thabor…
Aux vents de l’univers jette le nom magique,
Le nom libérateur et saint de République !
Laboureur, prends le grain :
Répands dans les sillons la féconde semence,
Qu’importe l’ouragan !… le grand travail commence,
L’épi naîtra demain.