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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/18

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miracles-là, ça vous fait froid dans le dos, fit la mère François. Il faut apaiser le bon Dieu, si la maladie allait se mettre sur nos bêtes !

— Pauvres gens ! dit le monsieur, on exploite votre crédulité pour vous forcer à plier les genoux. Certes, les auteurs de ces jongleries désespèrent entièrement de leur cause, pour employer ces tristes moyens renouvelés du paganisme. Croient ils donc que devant la prétendue intervention du ciel on ne cherchera pas les ficelles humaines ? Espèrent-ils prendre la superstition pour la religion ?

Heureusement les bons chrétiens vous apprendront que Dieu ne se venge pas, lui, l’amour et la perfection infinis, et que souvent les fléaux de tous genres qui accablent les peuples, sont comme un laborieux enfantement précédant l’ère nouvelle d’une régénération. Ceux qui méritent des châtiments, ce sont les hypocrites de toutes sortes qui vous trompent, qui vous volent, qui volent le cœur ou la vie des vôtres, et qui sont capables de tout pour satisfaire leurs passions honteuses.

Ce sont là les vampires de la patrie et les vrais ennemis de Dieu.

— Ah ! monsieur, s’écria la mère François, vous parlez comme notre défunt curé qui est mort. C’était là un brave homme ! à la bonne heure ! même il me disait toujours dans son langage : « Mère François, pourquoi vous imaginez-vous que le bon Dieu est un ogre ?… »