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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/123

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en mocassins



Dans tes sombres massifs où chuchote la brise,
Habite l’esprit du sommeil ;
D’autres ont leurs palais sous les vagues où puise
La coupe ardente du soleil.

Le fin Nibanabègue y cache ses embûches
Aux canotiers de ton beau lac ;
Sur la rive se plaît dans les pins et les pruches,
Le fugitif Imakinac.

Les Poukouaginins, épris de romanesque,
Hantent la cime du mont Bleu,
Et font de gais saluts à l’aube pittoresque
Entr’ouvrant ses portes de feu.

Car, peintre de l’aurore émigré de la terre,
Leur sœur, l’étoile du matin,
Pour redoubler l’éclat naissant de la lumière.
L’enrichit d’or et de carmin.

Le ciel brille et, parmi les radieux nuages
Couchés au fond de l’Orient,
L’astre aimable se montre aux jolis nains sauvages
Et leur répond en souriant.

Ah ! puisque le Peau-Rouge à sa terre choisie
Ne doit plus jamais revenir.
Gardez, rives et monts, la douce poésie
Qui s’attache à son souvenir.