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en mocassins

Cependant des autours et des corbeaux commencent à déchirer les pieds du Loup qui reste immobile. Son sang coule et c’est là précisément le nœud de la ruse. Aussitôt, le croyant mort, deux grands oiseaux intelligents : l’ancêtre des aigles à tête blanche et celui des vautours, se jettent sur le cadavre qui à l’instant se réveille. Rapide comme l’éclair, son filet vole et retombe sur la troupe imprudente.

Au milieu d’une confusion d’ailes agitées, entouré d’une furie de serres et de becs menaçants, Le-Loup secoue les algues ruisselantes ; attache par les pieds pigargues et vautours, cormorans et frégates ; fixe à sa taille et à ses épaules les bouts libres des cordes et s’assure le contrôle de chacune de ses bêtes. Alors il enlève le filet qui les retenait captives et sourit en voyant leurs plumes se hérisser, leurs becs claquer de colère et leurs serres se crisper dans un effort impuissant.

L’eau revole sous les coups d’aile, les yeux ronds flamboient : efforts perdus, inutile fureur : d’une main ferme Le-Loup tient les rênes. Les coursiers doivent obéir au dompteur qui leur ordonne de l’enlever, de le conduire au ciel, et met à ce prix leur liberté.

***

Dans l’azur, au milieu d’un grand sifflement d’ailes, Agohao, hissé par des vautours, des goëlands,