la ruine, monte dessus, et là, subitement comme un éclair, une idée lui traverse le cerveau : le corps de glaise est creux… s’il en faisait une cave utile… Il monte encore jusqu’à la hauteur des épaules et enlève une partie du dos. L’ouverture ainsi pratiquée donne accès à un vaste souterrain… C’est là que le Grand-Esprit jettera désormais tous les êtres dont il ne sera pas satisfait.
Maintes et maintes fois depuis ce jour, il créa de petits animaux de diverses formes, les laissa vivre quelques temps, puis, les trouvant sans doute inutiles ou à peu près, les jeta dans la cave. Tous les anciens essais abandonnés sur l’île, prirent la même voie.
Le gouffre finit par contenir quantité de débris ; mais jamais le divin Ouvrier n’y jetait rien de vivant.
La création du Mauvais-Esprit.
Un jour Chémanitou, chaussé de deux pieds de panthère, se promène dans l’île. Comme toujours, il a fait ces pieds de glaise ; mais, les destinant à un être extraordinaire, il veut les éprouver lui-même. « Ils vont très bien avec mes jambes, pense-t-il ; puis j’aime leur souplesse et leur silence ». Aussitôt il leur fait deux jambes comme les siennes, expression la plus gracieuse du mouvement. Que va-t-il mettre là-dessus ? — Un tronc de caïman héris-