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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/214

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en mocassins



Veux-tu, Lilino, ma pauvrette,
Le costume des colibris,
L’agilité de la fauvette,
La vie heureuse des esprits ?


Ici le manitou baisse la voix, et la jeune fille qui regarde les branches harmonieuses, sourit avec une expression de ravissement mêlé, le croirait-on ? d’une indéfinissable tristesse. Ce fait n’échappe pas à la clairvoyance de sa mère qui ne peut retenir ses larmes. Le fait qu’elle n’a pu saisir les dernières paroles de l’esprit double son angoisse, et c’est l’âme bouleversée par la crainte qu’elle revient du bois enchanté.

***

Une autre surprise l’attendait à la cabane familiale. Elle y trouve sa fille déjà rendue et très gaie, plus apathique du tout, mais active et enthousiaste, et cela dure.

De bonne heure, le lendemain matin, Lilino réjouit de ses chants le joli paysage qui entoure la demeure paternelle. C’est au bord du roi des lacs, un champ dépouillé de grands arbres et couvert d’un luxe éblouissant d’épilobes aux longues grappes violettes, avec, çà et là, de gracieux bouquets de sorbiers et des merisiers noirs aux fruits rubiconds. Il y voltige, par cette fin d’août, des bandes de