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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/218

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en mocassins

Oh, je t’aime toujours ; mais adieu ! Adieu, douce cabane où mon enfance fut à l’abri du froid et des tempêtes ! Je vous quitte, adieu, adieu !

Cela dit, elle s’élance en courant vers la pinière.

Paralysés d’étonnement, ses parents la regardent s’éloigner jusqu’au moment où, parmi les pierres et les arbrisseaux, elle disparaît.

Alors son père se ressaisit et observe qu’il ne faut pas la prendre au sérieux : « Cela ne peut être qu’une crise, dit-il ; elle reviendra comme d’habitude au soleil couchant ». « Je sais elle va, réplique sa mère en essuyant ses larmes ; je suis sûre que les esprits lui parlent, » et, tout angoissée, elle raconte ce qu’elle a vu et entendu.

***

Derrière les promontoires empourprés du rivage le soleil a disparu. À l’horizon sud-ouest se rattachent, comme par un ourlet d’or, l’incendie du ciel et celui du lac très calme. La côte et la cabane pimpante, déjà dans la pénombre, semblent partager l’inquiétude et la tristesse qui les habitent, car Lilino n’est pas encore revenue. En prévision de ce retard appréhendé, ses parents ont fabriqué des torches pour aller à sa recherche. Enfin, l’heure est passé d’attendre et ils partent, ayant chacun, sous le bras, une gerbe de brindilles résineuses et