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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/241

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en mocassins

giter d’une façon bizarre, à trembler, à sautiller. Ce phénomène prévu et désiré, a pour effet de faire cesser tout mouvement, tout bruit, et d’attirer tous les yeux. Seules, quelques jeunes filles ont poussé de légers cris de frayeur.

Au sorcier maintenant de hurler et il y paraît. L’inspiration semble être même accompagnée d’une meute, et les échos de la forêt s’en mêlent. À force d’être frappée de l’intérieur, la loge magique s’éventre et, par l’entre-baîllement, se montre la face peinturlurée du sauvage énergumène. Il a rompu ses liens, car on l’avait solidement garroté dans sa prison d’écorce. Il n’a pu le faire sans le secours d’un esprit, et c’est auréolé d’horreur mystique, qu’il bondit et se place debout près de la flamme.

Là, plus calme et gesticulant d’étrange manière, il prononce des paroles entrecoupées, sans suite, regarde le nord et, allongeant le bras dans la même direction, indique des itinéraires vagues.

Que dit-il ? — On ne sait trop ; mais le chef n’en est que plus libre d’y comprendre ce qu’il veut. À son tour, il parle, mais clairement : il explique les oracles à la tribu mystifiée.

On devra prendre telle direction, traverser telle rivière, camper près de tel lac, se séparer à tel endroit pour aller chacun vers sa région de chasse. Au retour de la lune des fleurs, on se réunira au pied de tel rapide, d’où l’on reviendra vers le riva-