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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/249

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en mocassins

prend sa cadence et continue de frôler en écumant le pied du rocher.

***

On dit que les malédictions s’accomplirent et que le spectre de la mère poursuivit sa progéniture. Il n’y eut pas de nuit sans que les trois criminels n’entendissent sa voix fêlée, pleine de reproches et de sanglots.

Les canotiers attikamèques qui passent près du lugubre rivage pensent entendre encore, surtout le soir, ses lamentations mêlées à celles du vent. Ils disent que l’ombre de la vieille aveugle, hante le site où elle a mis fin à ses tristes jours. Aussi, leur pitié un peu craintive, va-t-elle à ses mânes éplorés. Afin de les calmer, ils jettent sur la grève un peu de tabac ou quelques grains de porcelaine, en disant : « Grand’Mère, donne-nous bon vent ».

Et voilà pourquoi, le rocher, à défaut d’épitaphe, s’appelle maintenant Cogomissassinanabic.