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les hurons-iroquois

contre les Français : « Vois, lui répond-il, j’ai le visage peinturé d’un côté et net de l’autre ; Je vois mal du côté barbouillé, c’est celui des Hurons ; Je vois bien clair du côté net, c’est celui des Français. »

La veille de son départ, lui et ses compagnons reçoivent en présent, des Jésuites, chacun un calumet et du tabac : « En quittant mon pays », dit le chef aux révérends pères, « je renonçais à la vie : merci de ce que je vois encore le soleil ; merci pour vos bons traitements et vos bons discours, pour m’avoir couvert des pieds à la tête ; merci pour vos présents. Il ne nous restait plus de vide que la bouche, et vous la remplissez d’une chose que nous aimons fort. Adieu ! si nous périssons en chemin, les arbres, les éléments, les génies, iront dire aux nôtres ce que vous avez fait pour nous. »

Comme son canot quittait le rivage, il cria au gouverneur : « Ononthio, ton nom est grand par toute la terre : Je ne pensais pas remporter ma tête, et je m’en retourne chargé d’honneur. »[1]

Nous venons de voir et d’entendre l’ambassadeur : nous l’avons trouvé habile, spirituel et charmant ; écoutons maintenant le maître et le conquérant.

Canasatego, chef onnontagué, s’adresse aux Lenni-Lenapes, peuple tributaire de la Ligue. Après avoir prouvé jusqu’à l’évidence, que ceux-ci ont

  1. Voir « Lettres de la Mère M. de l’Incar. » : celle du 14 sept. 1645.